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Le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC), l’agence spécialisée dans le cancer de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a évalué les effets cancérogènes de l’acide perfluorooctanoïque (APFO) et de l’acide perfluorooctanesulfonique (SPFO).
L’APFO et le SPFO sont des substances chimiques largement utilisées dans un groupe important de composés fluorés appelés substances per et polyfluoroalkylées (PFAS), parfois appelés « produits chimiques perpétuels » en raison de leur résistance à la dégradation.
Un Groupe de travail composé de 30 experts internationaux provenant de 11 pays s’est réuni à l’invitation du CIRC dans le cadre du programme des Monographies du CIRC, du 7 au 14 novembre 2023 à Lyon, en France.
Après une étude approfondie de la littérature scientifique disponible, le Groupe de travail a classé l’APFO comme « cancérogène pour l’homme » (Groupe 1) et le SPFO comme « peut-être cancérogène pour l’homme » (Groupe 2B).
Un résumé des évaluations finales a été publié en ligne dans The Lancet Oncology. L’évaluation détaillée sera publiée en 2024 dans le Volume 135 des Monographies du CIRC.
Résultats de l’évaluation
Le Groupe de travail a mené une évaluation du danger cancérogène de l’APFO et du SPFO.
L’APFO a été évalué comme « cancérogène pour l’homme » (Groupe 1) sur la base d’indications « suffisantes » de sa cancérogénicité chez l’animal de laboratoire et d’indications mécanistiques « fortes » (pour les altérations épigénétiques et l’immunosuppression) chez les individus exposés. Les indications étaient « limitées » pour le cancer chez l’homme (carcinome cellulaire rénal et cancer du testicule) et les indications mécanistiques étaient « fortes » pour les cellules primaires humaines et les systèmes expérimentaux (pour les altérations épigénétiques et l’immunosuppression, ainsi que pour plusieurs autres caractéristiques clés d’agents cancérogènes).
Le SPFO a été évalué comme « peut-être cancérogène pour l’homme » (Groupe 2B) sur la base d’indications mécanistiques « fortes » dans les systèmes d’essai, notamment chez les individus exposés (pour les altérations épigénétiques et l’immunosuppression, ainsi que pour plusieurs autres caractéristiques clés d’agents cancérogènes). Il y avait aussi des indications « limitées » de sa cancérogénicité chez l’animal de laboratoire et des indications « insuffisantes » chez l’homme.
Exposition à l’APFO et au SPFO
L’APFO et le SPFO sont omniprésents dans l’environnement, même dans les zones les plus reculées. On les retrouve spécifiquement dans une vaste gamme de produits tels que les emballages alimentaires, les tapis, les matériaux de construction, les cosmétiques, les ustensiles de cuisine, les vêtements imperméables et les mousses d’extinction d’incendie, ainsi que dans de nombreuses autres applications industrielles. L’APFO et le SPFO ont également été détectés dans les systèmes d’approvisionnements en eau potable, en particulier à proximité des sites de production ou d’utilisation intensive.
Les expositions devraient être les plus élevées parmi les travailleurs impliqués dans la production d’APFO et de SPFO ou qui utilisent ces produits chimiques directement dans la fabrication d’autres produits. L’inhalation est considérée comme la principale voie d’exposition pour les travailleurs, bien que l’exposition par voie cutanée soit également possible. Depuis l’entrée en vigueur de restrictions sur l’utilisation de ces agents dans certains pays, il est probable que l’exposition professionnelle ait diminué, bien qu’elle puisse se poursuivre dans les pays n’ayant pas introduit de restrictions. L’exposition se poursuit dans la gestion des déchets.
L’APFO et, dans une bien plus large mesure, le SPFO ont été largement utilisés dans certaines mousses anti-incendie (également connues comme mousses aqueuses filmogènes), qui sont utilisées en particulier dans les aéroports et lors des opérations militaires de lutte contre l’incendie ainsi que pendant les exercices d’entraînement. L’utilisation de l’APFO et du SPFO dans ces applications a été interdite dans de nombreux pays, mais l’exposition des pompiers à ces deux agents est possible en cas d’utilisation d’anciens stocks de mousses aqueuses filmogènes.
La population générale est exposée principalement par le biais de l’alimentation et de l’eau potable, et potentiellement par les produits de consommation. Sur les sites contaminés, l’eau potable constitue la principale source d’exposition pour la population générale.
Classification des Monographies du CIRC
La classification des Monographies du CIRC indique la force des indications scientifiques selon lesquelles une substance ou un agent peut provoquer le cancer. Le programme des Monographies du CIRC cherche à identifier les dangers cancérogènes, c’est-à-dire le potentiel qu’a un agent à provoquer le cancer. Par exemple, le Groupe 1 correspond à la catégorie d’indication la plus élevée selon laquelle un agent peut provoquer le cancer. Toutefois, la classification ne reflète pas le niveau de risque de cancer associé à une exposition donnée à différents niveaux d’exposition ou dans différents scénarios. Le risque de cancer associé à des substances ou agents dans le même groupe peut être très différent, en fonction de facteurs tels que le type et la portée de l’exposition et l’ampleur de l’effet de l’agent à un niveau d’exposition donné.
Zahm S, Bonde JP, Chiu WA, Hoppin J, Kanno J, Abdallah M, et al.
Carcinogenicity of perfluorooctanoic acid (PFOA) and perfluorooctanesulfonic acid (PFOS).
Lancet Oncol, Publié en ligne le 30 novembre 2023 ;
https://doi.org/10.1016/S1470-2045(23)00622-8
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